Portrait : Florian Besson guide de pêche en Colombie Britannique

Parti vivre sa passion au Canada depuis une quinzaine d’années, Florian est désormais installé à Tofino où il encadre des journées de pêche. Entre partage de connaissance auprès des enfants et accompagnement de pêcheurs avides de poissons d’exception dans un cadre de rêve, Flo se dévoue pour préserver l’une des meilleures destinations de pêche de la planète.

J’ai rencontré Florian quand j’avais 9 ans et que je débutais la pêche à la mouche. Je lui dois mon 1er cours de lancer sur le réservoir « Ephemeris » qu’il gérait dans l’Yonne à l’époque. J’ai recroisé Flo à Sens quelques jours avant son départ pour le Canada il y a 15 ans et grâce aux réseaux sociaux nous sommes toujours en contact. Je tenais à faire un portrait de mon premier mentor avec qui je partage plus que le même prénom d’ailleurs ! Pour réaliser cet article, j’ai échangé par téléphone pendant plus d’une heure et nous avions encore beaucoup de choses à nous dire.

De la vallée de l’Yonne aux grands espaces d’Amérique du nord

Florian Besson fait parti de ces passionnés capables de partir vivre leurs rêves ! A 28 ans, il a quitté la France pour tenter l’aventure au Canada. Je me souviens avoir commandé un verre à la terrasse d’un bar en centre ville de Sens, où Flo faisait ses dernières heures en tant que serveur. Surpris de le croiser à cet endroit, je lui ai demandé ce qu’il prévoyait de faire, pour éventuellement pêcher ensemble, et c’est là qu’il m’a annoncé qu’il partait au Canada. Se séparant de quelques cannes en France, Flo s’est envolé au Québec où il a pris un job tout en montant une école de pêche à la mouche. « J’apprenais aux québécois à lancer une mouche dans les parcs en ciblant les écureuils ! Cela m’a valu quelques réprimandes de la part de spectateurs mais c’était fun ! » Il faut avouer que la méthode était assez originale pour apprendre à lancer mais cela devait être plus fun que lancer dans des cerceaux. Avec son bagage de moniteur de pêche à la mouche formé en France par Jan Astier, Flo est un pro de l’enseignement du lancer par étapes et sa pédagogie s’étend aussi à l’animation d’ateliers de découverte des rivières notamment à Tofino où il s’est installé avec sa compagne Sam. « Samantha avait une proposition de job en Colombie Britannique et je l’ai suivie d’autant plus que c’est LA destination de pêche au saumon par excellence en Amérique du nord. » Aujourd’hui, Florian et Samantha sont bien installés et élèvent leurs filles dans un cadre sauvage.

Vivre des aventures d’exception…

La notoriété mondiale de la Colombie Britannique n’est pas usurpée. Malgré les problèmes qui touchent les grands saumons, il y a de nombreuses possibilités de pêche et Florian connait parfaitement son territoire. « L’avantage de ce terrain de jeu, c’est la multitude de rivières à parcourir au milieu de territoires vierges. Dans les trips que je propose, on peut pêcher, bien sûr, mais on peut aussi aller voir les ours ainsi que d’autres animaux sauvages qui fréquentent les rivières. »

« Parfois j’emmène des clients voir un banc de saumons avec un ours en poste pour les pêcher et un aigle les observe, perché sur un arbre qui surplombe la rivière. » Les clients de Flo sont principalement des américains et ils sont prêts à dépenser une belle somme d’argent pour des journées sur mesure. L’utilisation d’hélicoptère est souvent indispensable pour aller sur les meilleurs secteurs de pêche. « Lors d’une journée de guidage je ne passe pas une minute à enseigner le lancer à un pêcheur, il faut que le pêcheur soit prêt. Généralement je rencontre les clients la veille afin de voir si le feeling passe bien et évaluer le niveau technique d’un pêcheur. »

On comprend aisément qu’un pêcheur américain qui débarque avec les derniers waders à la mode et une superbe canne doit au moins pouvoir lancer à une quinzaine de mètres pour passer sa mouche sur un bon poste à saumon. « Des fois les saumons ne vont pas se déplacer pour prendre le streamer, il faut leur passer la mouche devant le nez et il n’y aura pas beaucoup d’occasions. J’ai un bon truc pour voir si les poissons sont réactifs, je lance un caillou et souvent les clients sont surpris de les voir venir regarder le caillou ! » La méthode n’est pas banale, il faut toutefois savoir que les poissons sont généralement curieux. « Les salmonidés ont des cycles et même un poisson que l’on a dérangé peut mordre à condition d’être assez patient et de lui présenter une mouche dans son champ d’attaque. »

Saumon Coho pris avec un streamer

La steelhead en hiver !

Quand la saison du saumon est terminée, Flo n’hésite pas à passer pour un fou en allant se mesurer aux truites arc-en-ciel migratrices muni d’une 10′ soie 6 ! « Sur l’île de Vancouver nous n’avons pas de Steelhead énormes mais elles peuvent tout de même atteindre jusqu’à une douzaines de livres. C’est un super poisson et on peut la pêcher en hiver pour garder la main. » En Colombie Britannique les truites steelhead sont présentes dans de nombreuses rivières et leur pêche est intéressante en utilisant différentes techniques. La pêche au streamer rapporte beaucoup de poissons, mais Flo les pêche aussi en nymphe.

Une addiction à la pêche des poissons migrateurs

« Une fois mon job terminé à Montréal, j’ai loué une voiture pour quinze jours de vacances pour tenter de pêcher le saumon atlantique sur la Gaspé. Je pensais qu’en cinq ou six jours j’en aurai assez. Finalement je suis resté vingt-huit jours sur place avant de prendre mon premier saumon ! » Croyez le ou non mais Florian n’est pas du genre à lâcher facilement le morceau. « Je ne ressemblais plus à grand chose, je ne me rasais pas, le budget était très serré, mais j’ai eu la chance de bénéficier de conseils précieux d’un gardien et après cette rencontre, j’ai pris plusieurs saumons en sèche en quelques heures. »

A celles et ceux qui pensent que les saumons sont plus simples à leurrer en Gaspésie qu’en France et bien sachez que c’est faux ! « Le plus frustrant c’est que tu les vois dans les pools. Tu sais qu’ils sont là et tu ne les fais pas bouger. Dès que j’ai mis en application les conseils du garde en allongeant ma pointe, les poissons se sont intéressés à mes mouches ». Comme souvent dans la vie, la différence entre l’échec et le succès tient à des détails…

Depuis, Florian a parcouru beaucoup de chemin. « Je guide en Colombie Britannique depuis une quinzaine d’années, en mer et en rivière, à la recherche des saumons et des truites steelhead. » Pas moins de cinq espèces différentes de saumons sont présentes sur l’île de Vancouver, ce qui en fait un véritable paradis pour la pêche. Les ours et les forêts grandissent notamment grâce à l’abondance des saumons du Pacifique (article à lire). Ainsi, Flo a le choix entre plusieurs rivières, et cela lui permet de planifier des journées de guidage sur mesure en fonction des exigences de ses clients et des poissons présents selon les périodes. « On peut pêcher toute l’année et la pêche en rivière ne se pratique qu’à la mouche.

On peut aussi pêcher le saumon à la mouche en mer ce qui est très différent puisqu’en rivière ils cessent de se nourrir. J’organise des sessions de pêche en mer où il est d’ailleurs possible de prélever quelques poissons. En rivière c’est six poissons par an et par pêcheur au maximum et c’est très suivi. » En Colombie Britannique, la pêche sportive constitue une industrie très puissante. L’agence, pour laquelle travaille Florian, verse des milliers de dollars à l’institut de recherche en charge du suivi des populations de saumons sauvages.

Florian s’engage pour les rivières et les saumons

Flo n’est pas natif de Tofino mais il ne ménage pas ses efforts pour sensibiliser les pêcheurs en mer qui ont tendance à prélever facilement le saumon king ou Chinook en raison de sa relative abondance sur les côtes. Il anime des ateliers autour de la pêche et des rivières auprès des écoliers qui disposent de demi-journées complètes pour se consacrer à une activité extra-scolaire. « J’apprends aux enfants à bien pratiquer la pêche et cela passe par la compréhension de la biologie des différentes espèces de poissons ainsi que par leur anatomie. C’est important de leur enseigner qu’un poisson ne se manipule pas n’importe comment afin de le relâcher, utiliser l’épuisette est un automatisme. Ici la pêche du saumon fait partie de la culture, il faut toutefois éduquer les générations qui arrivent pour protéger les rivières et les poissons. »

Comme il n’est pas possible pour Flo d’emmener les enfants pêcher, il leur enseigne également comment lancer une mouche. Vous pouvez découvrir la page Facebook de son école de pêche « Tofino Fly Fishing School« .

« Quand je suis arrivé en BC, il y avait plus de 10 000 à 15 000 saumon Chinook qui remontaient sur certaines rivières, en une dizaine d’année leur nombre est passé à moins de 100. »

En tant que guide, Flo participe scrupuleusement aux recensements des populations de saumons dans les rivières qu’il arpente. Chaque semaine, il reçoit un message de la part de la structure en charge des suivis de populations de poissons migrateurs et les données sont mises à jour régulièrement. « Si une espèce est trop en déclin, la rivière est interdite à la pêche jusqu’à ce que les stocks se reconstituent. Cela peut durer des années. » C’est ainsi que les autorités canadiennes tentent de préserver quelques rivières où les saumons kings sont encore présents. « On s’aperçoit que finalement les problèmes de recrutement de saumons ne sont pas liés à des barrages ou de la surpêche. Ici il n’y quasiment aucun obstacle à la montaison et la pêche au filet est interdite dans les estuaires. »

Quand on demande à Florian où se situe le principal problème, il y a une hypothèse plutôt inquiétante. « Les jeunes saumons rejoignent la mer lorsqu’il sont gros de quelques centimètres et là ils rencontrent d’importantes quantités de poux de mer « see lice ». » Des études récentes montrent à quel point les fermes à saumons situées le long des côtes contribuent à la destruction des stocks de poissons sauvages, notamment à cause des parasites qui pullulent autour des cages (étude salmon farm impact). « Un saumon de plusieurs kilos ne va pas forcément mourir à cause de quelques poux de mer, en revanche un petit saumon de 4 ou 5 cm qui se fait attaquer par une dizaine de poux va rapidement s’épuiser et mourir.

Ce sont des milliers de jeunes saumons qui meurent prématurément et qui n’auront pas la chance de retrouver leur rivière de naissance pour s’y reproduire à leur tour. » Comme ailleurs dans le monde, la production de saumon d’élevage n’épargne pas la Colombie Britannique.

Et les voyages ?

« J’aime bien planifier un voyage de pêche par an avec mon frère. On a pêché à pas mal d’endroits et chaque destination nécessite une adaptation. En Nouvelle-Zélande, les poissons n’ont pas le même comportement qu’en Patagonie ou en Europe. Et puis la pêche à la mouche c’est aussi différentes espèces que l’on ne peut pas pêcher partout. Il ne faut pas rester sur des certitudes, les guides de pêches locaux sont d’un grand recours. »

Pour Florian Besson la pêche c’est 70% d’observation, 20% de technique et 10% de chance.

Je prends toujours une ou deux journées avec des guides en début de séjour pour comprendre quelques précieuses astuces. » Avec ses superbes mouches, Flo ne manque pas de ressources et parvient à s’adapter rapidement aux conditions de pêche. Il faut dire que la pêche des migrateurs lui a appris à être patient et réaliste ! Que ce soit un saumon, une grosse truite, un brochet ou un dorado, il faut être prêt et ne pas trembler au moment de ferrer. Comptez sur Flo pour ne manquer aucun reflet, remous ou bout de nageoire. Il a fait ses armes à vue sur la haute Seine du côté de Vix.

Un monteur de mouche expérimenté qui a créé sa marque

Florian est un pêcheur à la mouche très complet. Il monte de superbes mouches depuis que je le connais. Un jour, mon père a rencontré Gilbert Diot (qui était le trésorier du Club GPS Yonne nord), sachant que j’aimais la pêche, Gilbert avait offert à mon père une boîte pleine de mouches dont la plupart avaient été montées par Flo. J’ai toujours cette boîte même s’il manque des mouches !

Aujourd’hui Flo a son site de vente en ligne avec ses mouches et sa marque Flow Fly Fishing. Se déplaçant aux Etats-Unis et au Canada, il participe à des animations « workshop » lors desquelles il monte différentes mouches avec des matériaux de grande qualité.

Vous pouvez prendre contact avec Florian par E-mail si vous êtes intéressé pour découvrir les secrets des rivières en Colombie Britannique : Flowflyfishing@gmail.com.

Vous pouvez le suivre sur les réseaux sociaux Instagram et Facebook.

Vous avez aussi la possibilité de retrouver une très belle vidéo dans laquelle Florian apparaît en action sur des spots fabuleux en Colombie Britannique (article sur Truite et Cie).

A bientôt pour un prochain article !

Florian CARAVEO

3 réflexions sur “Portrait : Florian Besson guide de pêche en Colombie Britannique”

  1. Bonjour Florian,
    Mon fils vit depuis peu à Vancouver.
    Avec mon épouse nous allons lui rendre visite du 19/04 au 01/05.
    Est-il possible de pêcher 1 ou 2 jours avec guidage pour 2 pêcheurs à la mouche?

    Merci pour vos conseils ou opportunités
    Bien cdt
    Pascal

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