Albert Nymphstein, l’inventeur de la bille en uranium !

A Chatillon sur Poissonneuse, il se passe de drôles d’histoires de pêche. Voici l’invention d’Albert Nymphstein, un moucheur atomique !

Ce professeur de physique nucléaire est loin des stéréotypes habituels des moucheurs. On a bien du mal à deviner que cet homme, à l’apparence de savant-fou, est un fanatique de la pêche. En effet, avec ses cheveux gris en broussaille, ses petites lunettes rondes et sa barbe grise, il est difficile de l’imaginer au bord de l’eau plutôt que dans un labo.

Comme souvent, les apparences sont trompeuses. Et, aussi surprenant que cela puisse paraître, Albert Nymphstein tente d’associer ses deux passions : la physique et la pêche à la mouche. Il a d’ailleurs tenté plusieurs fois d’inventer un système de nymphes magnétisées pour pêcher sans fil. Il cherchait un moyen pour faciliter la plongée des nymphes. Le problème de la pêche en “Wifly”, c’est que l’aimant choisi était trop puissant ! Les poissons qui osaient prendre sa nymphe finissaient tous avec la tête encastrée dans son moulinet magnétique. Dans ces circonstances, pas évident de faire du “No-kill” ! Ne parlons pas de prendre des photos potables pour les mettre sur son compte Instabook ! En revanche, il avait constitué un nouveau parc de vélos et de trottinettes et passait presque pour un écolo bienfaiteur à Chatillon-sur-Poissonneuse.

Un jour, il a aperçu un champion de pêche à la mouche local prendre des truites dans un courant puissant dans lequel aucune de ses nymphes ne plongeait assez vite (même sans fil). Albert, vétu de sa blouse blanche, s’approcha du pêcheur et lui demanda : “Excusez moi cher monsieur, mais je suis stupéfait de voir que vous venez de prendre de nombreux poissons dans un tel bouillon ! Avec quoi pêchez-vous ?” En grand pêcheur qu’il était, Antoine Fishman de nature discrète, ne montrait pas ses mouches à tout le monde. Devant l’allure atypique du scientifique ébouriffé, il baissa la garde. “Vous voyez, ce sont des nymphes.” Albert rétorqua “Mais la tête métallique me semble incroyablement lourde, quel métal est-ce donc ?” Antoine, surpris de la question plutôt pointue, lui répondit “C’est du tungstène pardi !”

Portrait d’Albert qui expérimente le piercing atomique !

Bien que son air ahuri ne trahisse sa malice, Albert était du genre à ne manquer aucun détail. Il remercia Antoine Fishman en lui souhaitant une belle journée et s’empressa de chercher des billes en tungstène dans son attirail de pêche. 

Après avoir vidé ses tiroirs et cherché des heures dans ses multiples boîtes, il n’avait pas trouvé la moindre bille en tungstène mais possédait 547 billes en laiton. Ni une ni deux, le voilà parti à fond sur l’un de ses vélos, pour acheter quelques billes dans son magasin de pêche préféré “Poissonneuse Passion.”

En entrant, il interpelle son ami Roger Lamorce, “Tu n’aurais pas des billes en tungstène dans ton rayon fly tying ?” Tout désolé, Roger lui dit “ ah non mon pauvre ami ! Je me suis fait dévaliser ! Il y a eu un article sur le Mouche’Mag, et là, j’ai vendu les 10 pochettes que j’avais à Antoine Fishman qui prépare une compétition.”  

Un article complet sur la bille en tungstène était paru dans le numéro 256 du Mouche’Mag et Albert l’avait manqué ! Il les reçoit pourtant tous à son labo, mais entre les thèses qui s’amoncellent sur son bureau et les autres numéros du Mouche’Mag qui prennent la poussière, il était passé à côté. Un peu frustré et presque vexé par l’attitude du compétiteur qui avait vidé le rayon de billes, il se posa quelques minutes pour reprendre ses esprits. Et là bingo ! La classification périodique des éléments, qui était sous ses yeux depuis toujours, lui fit réaliser qu’il avait entre ses mains un métal bien plus lourd que le tungstène. En effet, la masse atomique de l’uranium est plus élevée que celle du tungstène ! « Comment un physicien nucléaire comme moi, aurait pu manquer ça ! »

La Tchernonymphe ! Création à ne pas mettre dans les mains de tout le monde !

Dans son délire scientifique, il avait réussi à se procurer quelques morceaux d’uranium appauvri par un de ses anciens élèves qui bossait dans un centre de traitement des déchets nucléaires (N’essayez pas de faire ça dans la vraie vie). Albert savait bricoler et possédait de nombreuses machines expérimentales capables de façonner des matériaux très résistants. Il inséra un morceau d’uranium dans l’un de ces engins et en sortit une bille de 3,43 mm (la rigueur scientifique). Précautionneux et complètement protégé par sa combinaison, il emporta sa précieuse bille dans son atelier de montage.

En quelques minutes, il avait monté une nymphe de la même couleur que celle de Antoine Fishman ! Il emporta celle-ci pour la tester sur la Poissonneuse. Albert noua une nymphe au bout de son bas de ligne spécial nymphe, acheté chez Roger une semaine plus tôt. Il la lança au milieu du courant le plus soutenu de la rivière en amont du “pont vieux”. Immédiatement, il constata que sa nymphe coulait merveilleusement bien, plus surprenant, il pouvait la voir briller dans l’eau même à l’ombre du pont. Soudain, sa nymphe disparut et le fil indicateur plongea. Sa canne 11’ soie 4 plia très fortement ! “J’ai la grosse du pont” s’exclama Albert. Et oui, il savait que dans le trou sous le pont, il n’y avait pas que des trottinettes. Mais voilà qu’au bout de quelques secondes, alors que l’eau bouillonne, le poisson cesse de se débattre. Albert mouline et amène à son épuisette une grosse truite parfaitement cuite avec la nymphe plantée au bout de la gueule ! Il se gratta la tête avec ses gants à travers sa combinaison, et se demanda si à l’avenir, il n’avait pas intérêt à vérifier la radioactivité de ses billes.

Quelques semaines plus tard, Mouche Mag sortait un article sur la Tchernonymphe et Albert Nymphstein avait son moment de gloire dans son magazine favori.

A Chatillon sur Poissonneuse, on se demande toujours ce que faisait le cosmonaute sous le pont et où est passée la grosse du pont.

Scara Mouch

Remerciements à Daniel Mestrot pour les illustrations.

4 réflexions sur “Albert Nymphstein, l’inventeur de la bille en uranium !”

  1. Elle m’a bien fait rigoler ton histoire, par contre si un jour on se revoit je t’en raconterait de bien bonnes sur les centrales nucléaires françaises, à plus

    1. Florian CARAVEO

      Scara MoUCH a un fort penchant pour un rail de bonne humeur et une dose d’imagination en intraveineuse 😉 Mais oui Daniel, il faut surveiller ça, c’est contagieux !

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