Portrait de moucheur : Jérôme Poirier

Un jour, Jérôme Poirier a poussé la porte de la Fédération de Pêche de Lozère où je travaillais. Ma collègue m’avait alors demandé si je pouvais renseigner ce “moucheur”. C’est ce jour-là que Jérôme et moi avons programmé une 1ère partie de pêche ! Depuis il a pris du galon et c’est avec plaisir que nous nous retrouvons au bord de l’eau…

Un véritable passionné de nature :

Par son travail, Jérôme passe beaucoup de temps en intérieur, pourtant, il a toujours aimé être au contact de la nature. “J’ai découvert la pêche avec mon père lorsque j’avais 5 ans. Au départ, c’était en pêchant au coup puis j’ai appris à pêcher le carnassier. J’ai même fait des compétitions de pêche au coup avant de faire mes premières armes à la mouche.” 

Que ce soit les rivières, les forêts, les plaines ou les lacs, il connaît très bien ces différents milieux et les animaux qui y vivent. Même si la chasse n’est pas son passe-temps favori, il possède de solides connaissances cynégétiques et demeure un excellent observateur de l’environnement. “J’ai remporté une médaille d’or au brevet grand gibier.” 

Une première partie de pêche en sèche :

C’est en 2009 que Jérôme et moi nous sommes rencontrés. Ce passionné était venu pêcher en Lozère depuis la région de Chartre et avait besoin de renseignements sur les parcours et les mouches. J’avais senti que Jérôme était quelqu’un de sympathique et comme il débutait la pêche à la mouche, je lui avais proposé de me rejoindre pour une partie de pêche après ma journée de travail.

Le rendez-vous était pris ! Nous voilà sur le parcours No-kill de Bagnols les bains où les truites sont généralement “gobeuses”. J’espérais bien faire prendre quelques poissons en sèche à mon nouveau copain de pêche. A cette époque, Jérôme était déjà très assidu. Il essayait de mettre en application chacun de mes conseils. Les truites de ce parcours voient passer de très bons pêcheurs, mais elles craquent encore quand une bonne mouche sèche passe bien devant leur nez ! Pour Jérôme c’était un très bon exercice avant de partir seul sur d’autres parcours lozérien. Ce soir-là, il fallait être discret, bien présenter le tabanas et les poissons se montraient coopératifs.

Le goût du sport et de la compétition :

“Au collège et au lycée je faisais pas mal de sport et notamment de l’athlétisme. Je participais régulièrement aux compétitions départementales, régionales et même nationales. En parallèle de la pêche, j’ai fait du tir de précision à la carabine et du cyclisme.” Dans toutes ces disciplines, Jérôme ne se satisfaisait pas de faire de la compétition, il voulait la 1ère place ! La pêche à la mouche le mène aujourd’hui à sillonner la France pour pratiquer différentes techniques dans un maximum de situations pour gagner des compétitions.

En combinant sa capacité de concentration, ses aptitudes physiques et ses connaissances sur la pêche, il est aujourd’hui très performant en compétition de pêche à la mouche.

Un parcours initiatique qui a payé !

Suite à sa visite en Lozère, Jérôme ne s’est pas contenté de cette soirée au bord du Lot pour se perfectionner. Il voulait progresser au contact d’autres pêcheurs à la mouche et de guides de pêche comme Eric Lelouvier. En 2010 il a intégré le Sarthe Fishing Club aux côtés de pêcheurs à la mouche compétiteurs dont des spécialistes de la pêche en réservoir comme Franck Tardy. Mois après mois, Jérôme s’aguerrit techniquement et peaufine ses montages. En passant me voir de temps en temps en Lozère, nous avons partagé d’autres sorties de pêche. Lors de ses visites, je lui ai présenté Louis-Jean Rauch qui n’est pas compétiteur mais qui maîtrise de nombreuses techniques et possède de précieuses mouches.

Un autre ami que nous avons en commun est David Cazaubon. Jérôme partage régulièrement des sessions de pêche en rivière avec David et petit à petit le niveau monte. C’est aussi avec Franck Tardy et Xavier Delrio, qu’il partage quelques journées de pêche intensives ! Jérôme est très observateur et assimile très vite les conseils que l’on peut lui donner.

En 2018 Jérôme, intègre l’équipe de France de pêche à la mouche et dispute son 1er championnat d’Europe FIPS Mouche. Cette première sélection a été récompensée par une médaille d’argent par équipe en République Tchèque (16ème place en individuel avec 2 manches gagnées). Modestement, Jérôme dira “c’était intéressant !”.

En 2019 il devient champion de France Réservoir en 1ère division en brillant sur les 2 épreuves (2ème lors de la 1ère manche au lac de la Moselotte puis 1er lors de la 2nde manche à Albi). Avec ce dernier résultat, il se hisse en haut du classement PSM Réservoir établi sur 3 années consécutives.

Pheasant tail power !

Faut-il encore présenter la nymphe la plus utilisée à travers le monde ? Jérôme est très attaché à la Pheasant tail qui reste l’une de ses mouches fétiches bien que ses boîtes soient remplies de bonnes mouches. “Je l’utilise autant en rivière qu’en réservoir !” Il n’y a pas nécessairement de “grands secrets” dans les boîtes à mouche des champions, c’est souvent la technique et les choix tactiques qui font la différence. Bien entendu, la pheasant tail trouve ses limites et dans son arsenal, Jérôme dispose de modèles de mouches éprouvées sans pour autant être de grands secrets.

Quelques unes des mouches dont Jérôme ne se sépare pas !

Un mental bien préparé.

Comme de nombreux compétiteurs, Jérôme n’a pas connu que des victoires. “Être prêt techniquement et matériellement, c’est très bien mais pour gagner il faut avoir les idées claires.” Comme dans d’autres disciplines sportives, le mental intervient pour une part importante du résultat. “Quand tu es confiant, que les premières touches arrivent et que tout ce que tu essayes te réussit, c’est que tu es dans un bon jour. Il faut en profiter ! Là où ça se corse, c’est quand les mouches ou techniques choisies ne fonctionnent pas comme on l’aimerait et qu’il faut réagir.” 

L’expérience est là pour pallier à une erreur d’analyse au départ. Franck Tardy et Jérôme ont passé beaucoup de temps à s’entraîner ensemble. C’est d’ailleurs au contact de Franck que Jérôme s’est préparé mentalement. “Pour moi, le résultat repose à sur 50% sur le mental, 30% sur le matériel, 20% sur l’expérience et les mouches. En réservoir, le choix de la mouche à plus d’importance qu’en rivière à mon sens.”

Au contact de “Francky”, Jérôme a non seulement progressé techniquement mais il s’est également remis en question au sujet de l’importance de la mouche ou du matériel. “Beaucoup de pêcheurs se focalisent trop sur le matériel en oubliant que l’analyse et les choix tactiques sont bien souvent plus payants”.

Un gars qui met la main à la pâte !

Pendant ses vacances en Lozère, Jérôme était venu participer à quelques pêches électriques bénévolement et l’équipe avait apprécié son coup d’épuisette. En 2012, j’ai pu compter sur Jérôme et David Cazaubon pour aider à l’encadrement du championnat du Monde junior de pêche à la mouche en Lozère. Nous partagions le même appartement qui était devenu un « QG bis » du championnat avec des cartes et du matériel de pêche partout ! Entre l’accompagnement des compétiteurs lors des entraînements officiels et le balisage des parcours, il a fait parti des copains sur qui j’ai pu compter pour encadrer la compétition. Malgré la fatigue et la pression, Jérôme a tenu jusqu’au bout avec le sourire.

Laurent Sentenac (manager de l’équipe de France B) m’a également fait part de son dévouement à la veille de compétitions à laquelle Jérôme participait. “J’ai eu Jérôme au téléphone avant la manche de D1 sur l’Ariège, l’Arac et le Vicdessos. Alors, il m’a dit qu’il arrivait avant la compétition et le vendredi, juste avant la compétition, il crapahutait avec moi pour baliser les parcours !” Tous les compétiteurs ne sont pas prêts à prêter main forte à des organisateurs une veille de manche de championnat de France.

En plus d’être devenu un pêcheur à la mouche très pointu, Jérôme est aussi un équipier précieux dans un groupe. Avoir des compétiteurs capables de « mettre la main à la pâte » pour les tâches améliore le quotidien d’une équipe, c’est essentiel pour la cohésion. Qu’il s’agisse de faire quelques mouches de plus pour un autre équipier ou aider à la vie en collectivité, on sait que l’on peut compter sur “Jéjé” !

Vous pouvez suivre Jérôme sur Facebook et Instagram et les équipes de France de pêche à la mouche sur cette page.

Florian

4 réflexions sur “Portrait de moucheur : Jérôme Poirier”

  1. Beau portrait,à sa lecture on comprend pourquoi tu apprécies Jérôme,les raisons ne manquent pas. Une photo particulièrement réussie,celle sur laquelle il porte une casquette orange.Un pêcheur bien ,que j’aurais plaisir à renconter pour sûr.

  2. Daguillanes Patrice

    Très beau portrait et tu as bien raison comme moi d’apprecier Jerome. Pour l’avoir côtoyé plusieurs fois, je peux affirmer que c’est un gars charmant et plein de talent. C’est toujours un plaisir d’être avec lui.

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