Pêche en lac d’altitude (partie 3) : matériel, techniques et mouches

Pour pêcher à la mouche en lac d’altitude, la préparation du matériel est un point clé. Ce choix de matériel est souvent conditionné par la place dans le sac à dos. Si vous êtes du style à partir pêcher léger, c’est un bon début. Pour ceux qui aiment avoir tout à disposition, alors il vous faudra un bon sac à dos et de bonnes jambes ! Dans les deux cas, l’analyse des conditions de pêche et l’aisance technique sont des atouts pour réussir.

Avant la pêche, la marche en montagne vers les lacs

Qui dit pêche en lac d’altitude dit aussi vêtements et chaussures adaptés à la randonnée. Même si la course à pied en montagne (le Trail) est à la mode, il est important de ne pas être pris au dépourvu. La montagne réserve son lot de surprises. Il fait soleil dans la vallée à 1500 m d’altitude et une fois à 2000 m d’altitude, le vent est froid et la pluie arrive… Ce n’est pas une fois au bord du lac qu’il faut regretter d’avoir oublié la veste de pluie et la polaire au chalet.  Donc avant de vous lancer dans une ascension vers un lac plein de poissons, consultez la météo locale et préparez bien vos affaires. 

La règle des couches multiples fonctionne bien. Cette règle consiste à pouvoir vous adapter rapidement à la météo en ajoutant ou en enlevant un vêtement. En haut, un t-shirt technique, un vêtement technique chaud et une veste imperméable, c’est une bonne base. En bas, les pantalons convertibles en short sont intéressants. S’il fait froid, un collant thermique peut améliorer votre confort. Un pantalon imperméable léger peut trouver sa place dans le sac si la pluie est annoncée. De bonnes chaussettes sont indispensables pour éviter les ampoules et être à l’aise dans vos chaussures de randonnée ou de trail (en fonction des habitudes et du terrain).

A ne surtout pas oublier :

Une réserve d’eau, un couteau, une couverture de survie, de quoi manger (casse-croûte et barres de céréales ou énergétiques). Une carte ou un topo, une boussole et de la crème solaire peuvent aussi s’inviter dans votre sac. Des applications de randonnées existent pour votre téléphone mobile.

Passons au matériel de pêche en lac d’altitude

Si vous disposez de matériel de pêche à la mouche pour la rivière, vous avez déjà de quoi partir pêcher en lac de montagne. Une canne de 9’ à 10’ pour soie de numéro 4 à 5 suffit pour pratiquer plusieurs techniques. La canne peut être assortie d’un moulinet garni d’une soie flottante de type WF et une réserve de backing (voir le tuto sur les moulinets). Une soie double fuseau (DT) peut suffire pour pêcher jusqu’à une quinzaine de mètres. Pour le bas de ligne, privilégiez une formule polyvalente de 4 à 6 m (pointe comprise). En fonction de l’intensité du vent, de la technique utilisée, des modifications de bas de ligne peuvent survenir. C’est encore un point commun avec la pêche en rivière.

Pour aller plus loin.

Un pêcheur qui désire se consacrer davantage à la pêche en lac peut s’orienter vers une 10’ soie 5-6 et se munir d’un moulinet avec plusieurs bobines et plusieurs densités de soies. Ainsi, avec une soie flottante, une soie intermédiaire et une soie plongeante S5, il est possible de pratiquer une grande diversité de techniques. Si vous avez déjà pêché en réservoir, vous comprendrez aisément que ces différentes soies servent à présenter des mouches à différentes profondeurs. Comme expliqué dans un article précédent, les poissons ne sont pas toujours postés à proximité des berges et de la surface. La température de l’eau et l’absence de nourriture en surface n’invitent pas les poissons à remonter vers la surface.

Les techniques et les mouches

La pêche en sèche est sans doute la technique reine pour de nombreux adeptes des lacs d’altitude. Selon l’altitude et la configuration des lacs, les poissons s’alimentent volontiers en surface. Si les insectes aquatiques sont rares, les insectes terrestres emportés par le vent deviennent des proies de premier choix ! Comme en rivière, on peut prospecter les postes sans nécessairement voir de gobage. Les poissons opportunistes montent vite vers la surface à la vue d’une silhouette d’insecte. Les truites peuvent même sortir de sous un bloc pour gober (comme en rivière). S’il y a des gobages le long de berges et dans les vagues, alors vous n’avez plus qu’à trouver la bonne mouche !

Dans votre boîte, prévoyez des imitations d’insectes terrestres et des mouches de pêche pour la rivière. Quelques montages : sedges, sialis, olives, petites mouches parachute, oreille de lièvre, fourmis, bibios ou encore imitation de scarabées et de criquets.

Ne négligez surtout pas les imitations d’insectes terrestres. En altitude, les fourmis, coléoptères et autres criquets sont des proies de choix.

La pêche en noyée est une technique de prospection qui fonctionne en l’absence de gobage dans les vagues et le long des postes. De la même manière qu’en réservoir, on utilise un train de 2 à 3 mouches et en variant les animations. En utilisant des modèles de formes et couleurs variés, il est possible de trouver un style de mouche qui fonctionne. C’est un moyen de prospection rapide. Quand une mouche sort du lot, il est possible d’en nouer une ou deux de plus sur le train de mouches pour augmenter ses chances.

Parmi les mouches à posséder, on retrouve la Black Pennel, une grise à corps jaune, une perdix à corps olive, un hopper et d’autres montages aux tonalités naturelles.

La pêche au chiro est très intéressante si les lacs sont riches en végétation aquatiques ou riches en matière organique. Les chironomes étant des insectes aquatiques présents jusque dans les lacs les plus hauts en altitude, c’est une source de nourriture. Comme en réservoir, les truites consomment ces insectes à tous les stades de développement. Les chironomes des lacs de montagne ne sont pas très gros. Des imitations sur des hameçons de 20 à 14 sont à prévoir. Des nymphes vernis de coloris noir, olive ou rouge sont efficaces. On peut prospecter les bordures d’herbiers avec un train de chiro.

On peut monter une petite nymphe lestée en pointe (perdigone par exemple), un chiro vernis en potence et une émergente de chiro en sauteuse. Ce type de train permet de pêcher à trois niveaux de profondeur. Si les poissons prennent la nymphe en cours de récupération ou lors des poses, c’est qu’ils sont postés en profondeur. S’ils prennent la nymphe en potence c’est qu’ils montent près de la surface. Si votre émergente est gobée régulièrement c’est signe que les truites maraudent en surface. Dans certains cas, les poissons s’alimentent à tous les niveaux. Une émergente type “klinkhammer” ou shuttle coq peut servir de mouche indicatrice.

La pêche en sèche/nymphe ou au “bouchon” : cette technique peut se pratiquer avec une mouche sèche visible et qui flotte bien associée à une ou deux nymphes. Comme son nom l’indique, on utilise la mouche sèche comme indicateur de touche. Si un poisson prend une nymphe en potence ou en pointe, la sèche coule. Il faut bien scruter la sèche et même déceler des mouvements suspects. La sèche peut juste bouger légèrement. Le ferrage doit intervenir au moindre doute.

La pêche en nymphe à vue est la seconde technique reine pour pêcher en lac d’altitude. Comme en rivière, la technique consiste à présenter une nymphe légère ou lestée à des poissons actifs. Il n’est pas nécessaire de disposer de nombreux modèles. Une pheasant tail déclinée en plusieurs tailles s’avère parfaite. Les imitations de chiros ou de nymphes d’éphémères sont efficaces. Une Absolute No Refuse est une excellente nymphe pour imiter différentes larves dont les baetis. Outre le modèle de nymphe, c’est la présentation qui fera la différence. Il est nécessaire de pêcher fin (parfois en 0,10 mm) pour bien présenter des nymphes de petite taille (H18 ou 20).

La pêche en nymphe animée ou tricotée permet de prospecter différentes profondeur avec une soie flottante. La technique consiste à lancer une ou plusieurs nymphes lestées ou non et à les ramener en marquant de petites tirées sur la soie ou en “tricotant”. Il faut à la fois regarder la pointe de la soie et se concentrer sur les sensations. Une touche peut être décelée avec la soie comme par une sensation dans les doigts. On peut jouer sur le poids des nymphes et la longueur de bas de ligne pour pêcher plus on moins profond.

Un pointe de 1,50 m avec une nymphe non lestée permet de pêcher à proximité de la surface. Une longue pointe de 2,50 m en 0,12 mm et une nymphe avec bille en tungstène de 2,8 mm sera un montage discret pour pêcher un lac assez profond.

La pêche au streamer est une technique efficace pour déclencher l’agressivité des poissons ou réveiller leur instinct prédateur. Les streamers peuvent imiter des têtards, des vairons ou alevins et même des larves de libellules ou de demoiselles. Les coloris noirs, olives ou naturels sont indispensables.

Mais il ne faut pas négliger des coloris orangés ou des modèles très brillants comme les sparklers. Il faut varier les animations et profondeurs de pêche. Les soies flottantes, intermédiaires et plongeantes sont utiles. C’est une technique qui peut sauver une sortie quand les poissons sont en profondeur et peu actifs.

Enfin il y a la pêche au booby. Parfois, c’est la seule et dernière option pour aller chercher des poissons dans plus de 10 m de profondeur. Cette pêche se pratique essentiellement avec des soies plongeantes et ultra-plongeantes Les boobies noirs, olives, blancs ou orangées fonctionnent en petite taille (n°12).

Les animations doivent être variées jusqu’à enregistrer les premières touches. Quand un type d’animation fonctionne, il faut le répéter au cours de la prospection pour provoquer les poissons. Les coloris fluos et roses fonctionnent dans les eaux très froides. C’est étonnant mais cela peut faire la différence même avec des poissons sauvages.

On résume les points importants pour pêcher en lac :

Avec toutes ces indications, vous avez un éventail de techniques de pêche en lac de montagne. Partez suffisamment équipés, il vaut mieux. Toutes les techniques ne remportent pas le même succès en fonction des lacs et des saisons. Pour choisir les techniques de pêche, vous devez croiser les données suivantes : typologie de lac, météo, configuration des postes, observation de poissons ou non. Une fois en action, gardez les yeux ouverts et cherchez des indices pour trouver des poissons actifs ou les proies potentielles des poissons. Tant que vous n’avez pas de touches, changez de postes et de techniques régulièrement. Quand les premiers poissons arrivent, tous vos efforts sont récompensés !

Bonne rando/pêche !

Florian Caravéo

2 réflexions sur “Pêche en lac d’altitude (partie 3) : matériel, techniques et mouches”

  1. Bonjour, merci pour votre article je suis tout nouveau dans le monde de la pêche à la mouche et de la pêche en général et je souhaiterai savoir si possible la longueur des bas de ligne en partant de la soie jusqu’au streamer car j’aimerai essayer de prendre une truite avec un petit streamer en lac d’altitude… cordialement Franck.

    1. Florian CARAVEO

      Bonjour Franck, si vous pratiquez la pêche au streamer à l’aide d’une soie flottante qui sert à pratiquer plusieurs technique, une queue de rat (bas de ligne conique) de 9′ se long avec une pointe en 0.20 mm peut être utile. Il faut faire une petite boucle à l’extrémité du bas de ligne pour raccorder une pointe de fil de 1,5 m en nylon ou fluorocarbone de 0.16 mm et nouer un petit streamer au bout. En soie intermédiaire ou en soie plongeante, il faut simplement raccorder à l’extrémité de la soie 2,50 m de fil 0,18 mm et votre streamer directement.

      Bien à vous.
      Florian

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